AYLMER (PasseportSanté.net) 16 février 2006 - De nombreux consommateurs prennent à la fois des médicaments et des produits de santé naturels. Comment tenir compte de cette nouvelle réalité et la surveiller adéquatement pour réduire les risques pour la santé? Voilà une question à laquelle des experts du monde entier ont tenté de répondre au cours d'un symposium international organisé par Santé Canada1.
« L'intérêt à l'endroit des interactions existe depuis environ dix ans, surtout depuis l'année 2000, lorsqu'on s'est rendu compte que le millepertuis pouvait interagir de façon dangereuse avec plusieurs médicaments pris par les personnes infectées par le VIH ou ayant subi une greffe d'organe », a souligné Mark Blumenthal, rédacteur en chef de la revue américaine Herbalgram et directeur exécutif de l'American Botanical Council2. Selon lui, il faut garder l'oeil ouvert.
D'où l'importance de la pharmacovigilance. Sous ce terme sont regroupées la détection, l'évaluation et la prévention des effets indésirables des médicaments et des produits de santé naturels (PSN) de même que leurs interactions.
Un effet indésirable grave, c'est quoi?
Qu'il soit d'origine médicamenteuse ou attribuable à une substance naturelle, un effet indésirable (ou effet secondaire) est grave lorsqu'il :
provoque une malformation congénitale;
met la vie d'une personne en danger (ou cause la mort);
mène à une hospitalisation ou à la prolongation d'une hospitalisation;
entraîne une incapacité persistante ou importante.
À l'échelle internationale, cette surveillance est coordonnée en Suède, par l'Uppsala Monitoring Center (UMC), un centre de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)3. La banque de données de l'UMC compte actuellement plus de 3,5 millions de rapports d'effets indésirables soupçonnés, dont un peu plus de 16 000 concernent les PSN.
Il est clair que les effets indésirables des médicaments sont beaucoup plus nombreux et dangereux que ceux des plantes. En revanche, de plus en plus de personnes prennent à la fois des médicaments et des produits de santé naturels qui, au départ, n'ont pas été conçus pour cela. Il est donc important de surveiller de près ce nouveau phénomène afin de prévenir plutôt que d'attendre un éventuel problème grave, estiment la plupart des spécialistes.
Un problème complexe
Les solutions ne sont pas simples, selon plusieurs conférenciers présents au symposium. À titre d'exemple, le système de surveillance des médicaments, mis en place dans les années 1960, ne révèle pas tous les effets indésirables associés à des médicaments. En effet, ceux-ci ne sont pas tous déclarés par les professionnels de la santé ou les consommateurs. Au Canada, seulement 10 % des cas qui posent problème sont rapportés, d'après les estimations de Santé Canada.
Qu'en est-il des PSN? « Il est fort probable que les effets indésirables et les interactions des plantes soient encore moins déclarés que ceux des médicaments, à cause de la perception générale de l'innocuité des produits de santé naturels », a laissé savoir Pierre Haddad4, professeur à l'Université de Montréal, et l'un des nombreux chercheurs qui ont assisté à ce symposium.
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Bien rapporter un effet indésirable et une interaction
En attendant que les directives aux consommateurs soient accessibles sur le site Internet de Santé Canada, voici quelques pistes pour faire un rapport bien documenté. Avant de communiquer avec un professionnel de la santé ou de remplir vous-même le formulaire, notez précisément les points suivants :
les symptômes ressentis;
dans le cas d'un PSN, relevez le numéro de produit naturel (NPN) affiché sur le contenant;
si le produit n'a pas de NPN, gardez l'emballage. Cela permet d'avoir des renseignements essentiels comme le nom du produit, celui du fabricant et la composition du PSN. Il est très important de savoir de quelle partie de la plante le produit a été tiré et, s'il s'agit d'un extrait, d'en connaître la concentration;
les autres PSN ou médicaments que vous prenez;
dans le cas d'un PSN, il est très important de garder au moins un échantillon du produit, car contrairement aux médicaments, la concentration et la composition peuvent varier d'un lot à l'autre. Cela permettra aux autorités de faire des tests et de vérifier, par exemple, si le PSN à été contaminé ou falsifié.
Pour déclarer un effet indésirable, vous pouvez vous adresser à votre médecin ou à votre pharmacien
source :
http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2006021500