Allergies et intolérances alimentaires
Même si l’allergologie est une science récente, de témoignages très anciens de réactions allergiques ont été répertoriés. Hippocrate lui-même rapportait des cas de réactions au lait et avait inventé le terme d’idiosyncrasie, au XVIIè siècle on parle de « pollinose » à propos des symptômes saisonniers. C’est en 1906 que le terme allergie est proposé à partir du grec « allos » et « ergon » pour signifier « une autre façon de réagir ».
Aujourd’hui, dans les pays industrialisés, 20 à 30% des individus (presque une personne sur trois !) souffre d’une allergie et la fréquence et la sévérité des allergies alimentaires ne cessent d’augmenter, elles touchent en priorité les jeunes enfants et les adolescents. La plupart des symptômes de l’allergie sont bénins ou passagers, mais certains se révèlent parfois, handicapants ou gravissimes voire mortels. La seule prévention efficace étant l’éviction des aliments allergisants, il devient impératif aujourd’hui d’avoir un étiquetage alimentaire informatif, précis et transparent.
L’allergie alimentaire ou les intolérances peuvent induire de très nombreux symptômes.
Les symptômes sont très divers et peuvent toucher tous les organes,ils peuvent être immédiats (de quelques minutes à quelques heures après l’ingestion) ou différés ou chroniques. Les plus fréquents sont les suivants :
- troubles digestifs : vomissements, diarrhées, douleurs abdominales récidivantes, constipation chronique, fissure ou fistules annales, maladie coeliaque, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, aphtes, oedèmes des lèvres et des muqueuses, gastrites, gastro-entérites allergiques.
- Trouble cutanés : prurit, urticaire, dermatite atopique, dermatite herpétiforme, eczéma, œdème de Quincke, psoriasis.
- Troubles respiratoires et de la sphère ORL : rhinites, asthme, bronchites asthmatiformes, toux chronique, otite, conjonctivite.
- Troubles neurologiques : migraines et céphalées, instabilité (syndrome hyperkinétique de l’enfant, changement d’humeur, colère), hypersensibilité, tendance dépressive.
- Troubles urinaires : syndrome néphrotique, cystites non infectieuses
- Troubles articulaires : poussées inflammatoires, arthrites, rhumatismes
- Réactions de choc anaphylactique.
Allergies ou intolérances alimentaires
Les manifestations de type allergique liées à la consommation d’aliments sont très nombreuses et le terme allergie est souvent employé à tort. La vraie allergie implique le système immunitaire, les manifestations sont souvent immédiates et parfois violentes voire mortelles. Les réactions aux tests cutanés comme le prick-tests, la recherche des IgE spécifiques, les tests de provocation orale viennent confirmer le diagnostic. Les fausses allergies ou intolérances alimentaires peuvent provoquer les mêmes symptômes cliniques mais ne relèvent pas d’un mécanisme « IgE dépendant », les tests cutanés et la recherche de IgE sont négatifs, cependant les tests de provocation orale ainsi qu’une période d’éviction peuvent confirmer l’intolérance.
Le mécanisme de la sensibilisation allergique se fait en deux étapes :
- 1ère étape : la sensibilisation : l’antigène rentre en contact avec un sujet à terrain allergique ou « atopique » l’organisme fabrique une substance « anticorps » tout à fait adaptée à l’antigène appelée IgE. Des tests cutanés ou le dosage des IgE sériques sont alors positifs
- 2ème étape : Un nouveau contact avec l’allergène entraîne une production excessive d’IgE qui va induire la production d’histamine responsable de la réaction allergique avec des troubles allergiques divers : contractures des muscles lisses (troubles respiratoires ou intestinaux ou cardiaques) augmentation de la perméabilité capillaire (oedèmes, hypersécrétions au niveau des muqueuses) processus inflammatoire au niveau des muqueuses (intestins, bronches, épiderme, cornée…)
Les fausses allergies ou intolérances alimentaires
De nombreuses substances provoquent la libération des médiateurs de l’allergie comme l’histamine ou en contiennent elles mêmes. Elles déclenchent des réactions semblables à l’allergie mais ne provoquent pas l’apparition des IgE. Les fausses allergies sont plus difficilement diagnostiquées et seront alors repérées grâce à l’observation attentive des modes de fonctionnement et d’alimentation de la personne.
Les fausse allergies sont dues soit à l’apport direct d’aliments riches en histamine, soit à la présence de substances empêchant la dégradation naturelle de l’histamine (certains conservateurs alimentaires),soit à un sensibilité particulière à l’histamine, un mauvais métabolisme de celui-ci entraînant sa persistance dans l’organisme.
Selon certains auteurs, allergologues ou médecins comme les Dr Kousmine, Dr Reckeweg, Dr Seignalet, certaines substances chimiques formées au cours des réactions métaboliques de notre organisme peuvent se révéler toxiques et le corps va réagir à cette « auto intoxication » et cherche à éliminer de manière plus ou moins violente ces substances nuisibles : ces tentatives d’élimination peuvent toucher tous les tissus et ressemblent à des manifestations allergiques.
Allergies alimentaires les plus fréquentes.
Bien que pratiquement tous les aliments puissent être allergisants, certains le sont plus que d’autres en fonction de leur fréquence de consommation et varient d’un pays à l’autre ou d’une tranche d’âge à l’autre. La modification récente de nos habitudes alimentaires nous fait consommer aujourd’hui des aliments « exotiques » : l’évolution des modes de production et de transformation de nos aliments de base introduit des molécules « inconnues » de nos systèmes digestifs ou immunitaires : ceci expliquerait en grande partie l’augmentation des allergies alimentaires dans la plupart des pays industrialisés.
En France, les observations et enquêtes menées par le CICBAA (cercle d’investigations cliniques et biologiques en allergologie alimentaire) met en évidence les fréquences suivantes :
1 – Chez les enfants (0-15 ans)
- l’œuf (surtout l’albumine du blanc) (35,7%)
- l’arachide (23,6%)
- le lait de vache (8,3%) et ses dérivés
- la moutarde (6%)
- la morue (4,3%)
- les noisettes, le kiwi, le blé, les crevettes, le bœuf, les pois, les lentilles, le soja et la farine de lupin (présente dans le pain) totalisent 11% des observations
2 – Chez l’adulte
270 aliments ont été répertoriés comme allergisants, les 8 principaux sont :
- la pomme, la noisette, le céleri, l’œuf, l’avocat, le sésame, l’arachide, la banane.
Les autres sont le plus souvent :
- les crustacés (crabes, crevettes) et les poissons
- les céréales : le blé, le seigle, le sarrasin
- le gluten : dans toutes les céréales contenant du gluten : blé, épeautre, kamut, orge, avoine, seigle
Comme dans le cas des allergies vraies, la plupart des aliments peuvent être mal tolérés, mais on observe plus fréquemment les intolérances aux aliments suivants :
- le lait de vache et tous ses dérivés (yaourts, fromage, beurre)
- le gluten
- le blé et autres céréales
- les œufs
- les levures alimentaires (pains, pâtisseries, biscuits, boissons)
- le lactose (sucre présent dans tous les laits d’animaux, transformé en acide lactique dans les yaourts et fromages, de plus en plus utilisé comme additif alimentaire)
- les additifs alimentaires (sulfites, nitrates, phosphates, acide benzoïque…)
- les aliments histamino-libérateurs - poissons et particulièrement les poissons « bleus » comme le maquereau, la sardine, le thon – crustacés, blanc d’œuf, fraises, tomates, ananas, fruits exotiques, noix, noisettes et arachides, pois et lentilles, chocolat, alcool…
- les aliments riches en histamine (fromages fermentés, charcuteries, choucroute, sardines, anchois, thon, saumon, hareng fumé, vin, bière, épinards, tomates, conserves.
- les aliments riches en tyramine (fromages fermentés, charcuteries et gibiers, poissons fumés, vin blanc, bière, chocolat, épinard, chou, chocolat.
Allergies croisées
Certains allergènes ont des structures proches ou de ressemblances partielles, qui font qu’une allergie peut alors permettre dans certains cas d’en dépister d’autres plus difficiles à mettre en évidence. Les « croisements » répertoriés aujourd’hui sont :
- l’allergie aux graines oléagineuses (les noix, les noisettes), aux pommes et aux drupacées en général (poires, abricots, prunes) avec le pollen de bouleau.
- l’allergie aux noisettes, aux céréales, aux solanacées (poivrons, tomates, aubergines, pomme de terre) avec le pollen de graminées.
- l’allergie aux avocats, kiwi, banane, châtaigne, noix, mandarine, cerise, fraise, melon, figue avec le latex
- l’allergie aux cucurbitacées avec la banane et avec les pollens d’armoise et d’ambroisie
- l’allergie au céleri avec les pollens d’armoise et d’ambroisie
- l’allergie aux crustacés et coquillages avec les venins d’insectes et les acariens
- l’allergie à la viande de porc avec les allergènes du chat
- l’allergie à l’œuf avec les allergènes aviaires (plumes, et déjections d’oiseaux)
- l’allergie aux protéines de lait de vache avec les protéines des autres laits animaux (chèvre, brebis, jument) et avec les protéines de soja.