Connaissez vous cet ouvrage ?
C'est un livre écrit par le Docteur Curtay sur le régime des centenaires de l'île d'Okinawa à découvrir et à parcourir pour en apprendre un peu plus sur des tas de sujets relatifs à l'alimentation saine. J'ai appris beaucoup de choses avec lui quand il venait au magasin et il me semblait utile de vous retransmettre ce qu'il a écrit sur les huiles et corps gras...
HUILES ET CORPS GRAS
On n’utilise ni beurre, ni margarine à Okinawa, seulement des huiles, en particulier, de l’huile de colza. Celle-ci contient très peu d’acides gras saturés et oméga 6 qui présentent des inconvénients pour la santé. Elle contient, en revanche, beaucoup d’acides gras mono-insaturés comme l’acide oléique (retrouvé dans l’huile d’olive) et un peu d’acide alphalinolénique, un acide gras oméga 3 dont les apports sont cruellement insuffisants dans nos pays.
La synthèse des études menées depuis des dizaines d’années aboutit à la conclusion suivante : en gros, nous aurions intérêt à nous limiter à l’huile d’olive pour cuire (sans la faire fumer), et à l’huile de colza pour assaisonner (hormis les premières années d’entrée dans le programme, un apport plus important en acides gras oméga 3 étant alors nécessaire pour corriger le passif accumulé.
Ce qu’il y a à gagner :Les nutritionnistes se plaignent, avec raison, depuis des dizaines d’années, d’un apport excessif en graisses saturées (beurre, fromage, viandes et charcuteries grasses, produits tout préparés, fritures, huile d’arachide, de palme, etc…).
Ces graisses saturées augmentent les risques de surpoids, de pathologies cardiovasculaires et d’inflammation. On a cherché à réduire leurs apports en poussant les huiles riches en acides gras polyinsaturés de type oméga 6, comme les huiles de tournesol, maïs ou pépin de raisin. Mais les oméga 6 en excès (ce qui est largement le cas dans nos pays où l’on enregistre des apports quarante fois supérieurs en oméga 6 qu’en oméga 3 alors qu’ils ne devraient l’être que 5 fois !) contribuent à aggraver la carence généralisée en acides gras oméga 3 ainsi qu’en antioxydants, deux ingrédients fondamentaux de la forme, d’un vieillissement réussi et de la prévention de la maladie. Les oméga 6 sont aussi de puissants promoteurs de cancers, en particulier du sein.
L’huile d’olive, huile méditerranéenne par excellence est pauvre en graisses saturées et oméga 6, car elle est très riche en acides gras mono-insaturés. Les acides gras mono-insaturés n’ont pas de propriétés spécialement intéressantes pour la santé. Leur avantage majeur est de ne pas avoir les inconvénients des acides gras saturés et oméga 6. Ils ont en outre deux autres atouts. Ils résistent à la chaleur et peuvent donc être utilisés pour cuire (à condition de ne pas faire fumer l’huile, auquel cas elle se détériore très vite, idéalement en minimisant les températures et les durées de cuisson).
Et ils sont associés dans l’huile d’olive à des puissants antioxydants de type flavonoïdes, en particulier l’hydroxytyrosol. C’est à ce composant que l’on doit la majeure partie des effets bénéfiques de l’huile d’olive, et non pas, comme on l’a longtemps cru, aux acides gras mono-insaturés.
L’huile de colza a une composition très proche de celle de l’huile d’olive, mais contrairement à celle-ci, elle contient un peu d’acides gras oméga 3 (en moyenne 9%). Cette différence est essentielle, car cela implique qu’elle ne doit pas être cuite –en effet, les acides gras oméga 3, les plus insaturés, ne supportent pas les agressions thermiques (malgré ce qui est marqué sur les étiquettes) – elle est une source de ces acides gras protecteurs qui nous manquent le plus.
Les acides gras oméga 3, de par leur très grande flexibilité, présentent un nombre considérable d’intérêts :
- Ils augmentent l’énergie en étant facilement brûlés, en permettant aux globules rouges de se faufiler aisément dans les capillaires pour livrer l’oxygène nécessaire pour la combustion des calories, en accélérant les réactions qui mènent à la production de la pile moléculaire qui nous permet de fonctionner, l’ATP (ceci est valable pour les systèmes musculaires, cérébral, immunitaire, de réparation des tissus, etc…)
- Ils réduisent donc, à l’inverse des acides gras saturés, le risque de surpoids
- Ils optimisent la communication entre les cellules et les tissus, par exemple entre deux neurones, de même que l’expression des gênes, ce qui améliore le fonctionnement de l’ensemble des capacités comme la fertilité, la mémoire, l’humeur…
- Ils ont plusieurs mécanismes cardio-protecteurs : réducteurs des graisses circulantes (triglycérides), dilatateurs des vaisseaux, réducteurs de l’activité des plaquettes et donc du risque de caillots capables de boucher les artères du cœur ou du cerveau, ou les veines (phlébites et risques d’embolie), antiagrégants plaquettaires, anti-inflammatoires – au point que l’on peut considérer qu’ils sont un « médicament » incontournable des maladies cardiovasculaires, même une fois qu’elles sont sévères (comme l’ont montré Michel de Lorgesil et Serge Renaud, ils réduisent de trois quart les risques de récidive et d’infractus)
- Ils sont antiallergiques et anti-inflammatoires, or l’inflammation est maintenant reconnue comme un facteur majeur de complication du surpoids (syndrome métabolique et diabète), d’évolution des pathologies cardiovasculaires, ainsi que de nombre de maladies allergiques, inflammatoires ou auto-immunes, dermatologiques, rhumatologiques, ophtalmologiques, digestives, pulmonaires
- Ils sensibilisent les virus et les bactéries aux attaques du système immunitaire
- Ils ont des effets antiprolifératifs et anti métastasiques dans de nombreux types de tumeurs, et sensibilisent les cellules cancéreuses aux traitements de chimio – et de radiothérapie.
Autres sources d’acides gras oméga 3 : les poissons gras, les fruits de la mer, le soja, les végétaux verts (en particulier épinards et mâche, plus communs que le pourpier des Crétois, par ailleurs riche en oxalates), les escargots…
Si l’on consomme deux cuillères à soupe d’huile de colza et trois poissons gras par semaine, on obtient la quantité optimale d’oméga 3. En revanche, étant donné l’état actuel de carence ubiquitaire dans la population, un tel apport ne permet pas de rattraper le passif accumulé et de corriger la composition altérée des lipides présents dans le sang circulant, le tissus adipeux et les membranes des cellules. Cela implique donc de prendre des quantités plus élevées pendant environ dix huit mois, et de recourir à des huiles plus dosées (éventuellement à des capsules).
Quand, comment ?Utiliser comme huile d’assaisonnement une huile particulièrement riche en oméga 3. L’huile doit être bio, de première pression à froid, en bouteille de verre opaque ou en bidon métallique, jamais dans du plastique. Ne jamais la cuire, et toujours la conserver au réfrigérateur. Quantités optimales : 2 cuillères à soupe par jour, à mettre dans les sauces de salade, crudités, sur les légumes, poissons, dans les soupes, (une fois servies dans l’assiette), etc…
On peut réduire les apports après dix huit mois si d’autres sources d’oméga 3 sont consommées (poissons gras en particulier). Il est préférable de réduire aussi les apports dans des situations où des saignements sont possibles (troisième trimestre de la grossesse, avant une opération, en cas de maladie hémorragique) et en cas de psychose (ils sont alors trop dynamisants).
Pour la cuisson, utiliser l’huile d’olive, sans la faire fumer, en minimisant les intensités et durées de cuisson (plus l’huile est cuite, plus les antioxydants disparaissent).
L’huile d’olive est quasiment toujours présentée en bouteille de verre (ne pas accepter les emballages plastiques). L’huile d’olive vierge, non filtrée, est la plus riche en antioxydants. Le goût de l’huile d’olive ne convient pas à tous les plats. On en trouve qui ont des goûts très peu marqués. Par contre, il existe de nombreux crus aux goûts prononcés que l’on peut explorer (ces huiles particulières devraient être intégrées comme « parfum » de sauces à froid, plutôt que cuites, ce serait dommage).
De plus en plus de restaurants proposent une nappe d’huile d’olive pour tremper le pain. Si l’on tient à tartiner une fine couche de beurre peut être acceptable dans le cadre d’un équilibre général des apports en graisses. Attention, nombre de margarines ne sont pas bien formulées : soit elles contiennent des acides gras saturés (souvent des huiles de palme ou palmiste), soit des acides gras oméga 6 en excès (tournesol en général) et, dans ce cas, le processus de fabrication apporte des acides gras trans qui sont plus nocifs que les graisses saturées. Les margarines les plus recommandables sont fabriquées à partir d’huile d’olive et de colza et garanties pauvres en acides gras trans. On peut aussi très avantageusement utiliser des pâtes à base de tofu ou des purées d’oléagineux (noisettes, amandes, noix de cajou…) pour tartiner.
Se méfier du fait que la quasi-totalité des produits agroalimentaires tout préparés utilisent des graisses saturées, oméga 6 et trans.
Les inconvénients :Pour lutter contre l’excès de graisses saturées présentes dans l’huile d’arachide, et le beurre, on a poussé les huiles de tournesol, maïs, pépin de raisin, et les margarines dérivées. Ces mêmes huiles ont été utilisées massivement dans la plupart des produits agroalimentaires. Or, elles sont très riches en acides gras oméga 3. Par ailleurs, la plupart des margarines, de par le procédé industriel d’hydrogénation qui permet de passer d’une huile végétale liquide à une margarine solide, engendrent la formation d’acides gras non physiologiques, les acides gras trans, aux effets néfastes plus importants que les acides gras saturés. Certaines margarines qui mettent en valeur leur pauvreté en acides gras trans sont par ailleurs mal formulées et trop riches, soit en graisses oméga 6 soit en graisses saturées.
Pour améliorer la composition lipidique de notre organisme – graisses circulantes dans le sang, graisses de tissus adipeux, lipides qui forment les membranes de nos quelques 100 000 milliards de cellules – il est grand temps de remplacer nos huiles d’assaisonnement par les huiles de colza ou encore plus riches en oméga 3, et d’utiliser des margarines à base d’huile d’olive et/ou de colza, ou des pâtes à tartiner à base de tofu ou d’oléagineux (purées de noisettes…).
Sans cela, la lutte contre le surpoids, les pathologies cardiovasculaires, l’inflammation et certains cancers, ne saurait être gagnée.
Progression Quelques autres huiles, même si leur composition ne correspond pas aux recommandations, contiennent des ingrédients intéressants. C’est le cas des huiles d’onagre et de bourrache, riches en acide gamma linolénique, important pour les membranes des cellules, y compris les neurones (synapses), élément majeur de la souplesse de la peau, précurseur de facteurs anti-inflammatoires et cardio-protecteurs (une famille de prostaglandines cousine de celle qui est issue des acides gras oméga 3). Si l’on prend de manière prolongée beaucoup d’oméga 3, on peut finir par déséquilibrer le côté oméga 6, et il est alors important d’inclure l’huile d’onagre.
L’huile de sésame est aussi intéressante, non pas pour sa composition en acides gras, mais parce qu’elle contient du sésaminol, un antioxydant qui a été pointé par de nouvelles études comme protecteur dans les processus de détérioration cérébrale qui mènent à la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, le sésaminol a un effet positif sur les taux circulants d’un antioxydant qui est en quantité beaucoup trop faible chez la plupart d’entre nous, le gamma-tocophérol (une forme particulière de vitamine E). Or le gamma-tocophérol est l’un des seuls antioxydants naturellement présents dans l’organisme capable de neutraliser le peroxynitrite, un des radicaux libres les plus dangereux (il sévit en particulier dans tout ce qui est inflammatoire et l’athérome qui, en fait, est une atteinte inflammatoire des artères).
On conseillera par ailleurs d’éviter les formes de vitamine E synthétiques dans les compléments, qui ont un effet négatif sur le gamma-tocophérol, et d’augmenter les apports alimentaires et complémentaires riches en flavonoïdes capables de s’opposer au peroxynitrite.
Les huiles et corps gras
Cuire avec de l’huile d’olive sans la faire fumer.
Les premières années
(il parle ici de son programme global pour mieux vivre), assaisonner avec une huile riche en oméga 3 (2 c à s par jour). On peut ensuite réduire les doses ou utiliser l’huile de colza (à ne pas cuire).
N’acheter que des huiles bio, en bouteilles de verre.
Remplacer le beurre par des margarines aux huiles d’olive et de colza, des pâtes à tartiner…
Jean Paul Curtay, membre de l'Académie des Sciences de New York, est l'un des leaders mondiaux de la Nutrithérapie. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont, avec Thierry Souccar, le best seller Le programme de longue vie.